Fin de vie : les évêques de France proposent une prière sur le sujet pour Noël (2024)

Souvent parsemés, les bancs de l’église se remplissent toujours à Noël. Cette année, l’épiscopat français a décidé de profiter de cet engouement qu’il sait unique dans l’année pour envoyer un message politique. La Conférence des évêques de France (CEF) a en effet recommandé que soit lue, dans toutes les paroisses du pays, à l’issue de l’homélie de la messe de Noël, une prière universelle sur le sujet de la fin de vie.

L’Eglise n’a jamais caché sa position défavorable à l’égard d’une possible légalisation de l’euthanasie, appelant, par la voix de ses prélats dans différentes tribunes et autres entretiens à la presse, plutôt à une généralisation de l’offre de soins palliatifs partout dans le territoire. Dans la prière qu’ils recommandent aux prêtres de réciter, les évêques font d’ailleurs aussi référence à leur opposition à l’avortement, parlant des deux extrémités de l’existence, son début et sa fin.

«En cette nuit/ce jour de Noël, où Dieu vient visiter notre humanité et vivre une vie semblable à la nôtre, nous te prions, Seigneur, avec toutes les paroisses de France, pour le respect et la protection de la vie, de sa conception à sa fin naturelle.» Et de poursuivre en appelant directement aux politiques: «Que la lumière de Bethléem éclaire nos gouvernants afin que ceux qui sont chargés d’élaborer et de voter la loi prennent mieux conscience du fait que toute vie est un don pour l’humanité, que toute vie est digne et respectable.» La prière appelle enfin chacun à s’engager «davantage auprès des plus fragiles et des plus vulnérables pour construire une civilisation authentiquement humaine».

Le temps spirituel

Les prières universelles sont des textes lus pendant la messe tous les dimanches, afin de prier pour le monde, la société, les politiques. En2012, déjà, les évêques de France avaient demandé aux prêtres de faire lire une prière contre le mariage pour tous. En2020, c’est le projet de loi étendant la procréation médicalement assistéeà toutes qui faisait l’objet d’une intention de prière de ce genre à toutes les paroisses.

Outre l’occasion de toucher plus de fidèles que d’habitude lors des messes de Noël, c’est aussi la possible présentation, début 2024, d’un projet de loi sur la fin de vie qui a, bien sûr, décidé les évêques à faire cette recommandation. «L’épiscopat voit bien que le projet de loi est dans les tuyaux et veut peser à sa façon dans les débats: leur façon de le faire, c’est d’en parler à tous à Noël», explique un prêtre.

Pour Vincent Jordy, archevêque de Tours et vice-président de la CEF, il y a deux temps dans la façon qu’a l’Eglise de s’engager sur la question. D’abord, le temps politique lors des différentes rencontres avec les autorités, comme avec la première ministre, Elisabeth Borne, en mars, ou l’actuelle ministre de la santé, Agnès Firmin Le Bodo, en septembre. «Nous avons lors de ces entretiens exposé nos arguments raisonnables que développent aussi des associations de soignants, des philosophes, des juristes…», explique-t-il. Aujourd’hui est venu, poursuit-il, le temps spirituel. «C’est Noël, un moment qui nous montre que Dieu a tellement de respect pour la vie humaine qu’il s’est fait l’un de nous. Et nous voulons profiter de ce moment pour dire que cette vie a de la valeur en tout temps quels que soient l’âge et la santé du corps.»

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